L'œuvre discographique intégrale

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Acoustic Woman
 (1992)

Signé Yann Arthus-Bertrand, le portrait éperdu de la chanteuse en extase qui orne le livret reflète bien la magie de ce premier album : l'un des plus dépouillé, intimiste et recueilli de Liz McComb.

Délicatement enregistré, il révèle dans toute son intégrité cette voix ardente et virtuose, incroyablement élastique, qui parfois change de timbre à chaque mesure. En solo sur quatre plages, Liz règle sa dette envers Mahalia Jackson (belle reprise de son « Move on up a little higher ») et excelle dans l'interprétation de spirituals traditionnels comme « Steal Away » ou « Soon I'll Be Done » — une performance inouïe, a capella, devant quatre mille roumains subjugués.

Le grand contrebassiste de jazz Pierre Michelot l'accompagne en un duo élégant sur le pathétique « Motherless Child ».

« Acoustic Woman » présente aussi trois gospel songs flamboyants signés Liz McComb : « Open Our Eyes », « Don't Let the Devil Ride » et « Morning Train » —  fortement imprégné de blues, ainsi que la reprise du « In the Mood for Love » de John Lee Hooker avec Titus Williams. Ce fervent bassiste-guitariste de Chicago l'accompagne aussi dans son admirable version de « O Mary Don't You Weep » : ce fameux « freedom song » du temps de l'esclavage ressuscité lors de la lutte pour les droits civiques, et popularisé par Bruce Springsteen, est l'un des sommets de cet album envoûtant, qui se conclut par une jam session inspirée avec le saxophoniste « rital » Turk Mauro, l'organiste-producteur Vincent Bruley, le pianiste malgache Jeannot Rabeson et son fils Tony (batterie).

Rock my Soul
 (1993)

Ici c'est plutôt la chanteuse en transe qu'Arthus-Bertrand a saisie dans son objectif pour ce premier album « live », qui condense l'expérience impressionnante et inoubliable des concerts de Liz McComb.

Enregistré principalement en solo, en des lieux aussi divers que le Casino de Paris ou la Cathédrale gothique de Lavaur, « Rock my Soul » donne l'illusion parfaite d'un récital idéal, enchaînant harmonieusement les meilleurs moments d'une longue tournée.

L'une des clefs du Gospel, c'est le chant en « appel/répons » présent dans la liturgie chrétienne, autant qu'hérité de ses ancêtres africains : échange crescendo jusqu'à la frénésie, dans la communication intense entre soliste et public.

Comme ses aînées vénérées Mahalia Jackson ou Marion Williams (elle fait de leur hymne favori « In the Upper Room » une extraordinaire performance vocale) Liz McComb possède le pouvoir extra-sensoriel de faire de cette communication musicale une vraie « communion ». Elle sait recréer partout l'atmosphère orageuse, passionnelle autant que spirituelle des églises africaines-américaines.

« Rock my Soul » est un célèbre spiritual dont son interprétation n'a rien à envier à celle d'Armstrong dans « The Good Book ». C'est aussi l'occasion de vérifier que tout ce qu'il y a de plus profond et puissant dans le rock et la soul vient directement du gospel.

Dès le début du cd (« I told Jesus, it would be alright ») on aura aussi constaté que Liz McComb est (autant que Nina Simone, par exemple) une pianiste authentique et brillante, dont le style original, à la fois bluesy, romantique et swinguant, mérite d'être écouté aussi attentivement que son chant.

Liz McComb Live
(1994)

Comme le précédent, ce troisième album est le florilège d'une tournée qui a précipité son ascension : un triomphe au Midem de Cannes, des concerts à l'Opéra de Lyon, au Théâtre des Champs-Élysées... rien de tout cela ne lui tourne la tête, bien au contraire. Ni le nombre des auditeurs ni le prestige du lieu n'ont la moindre influence sur elle. Liz ne chante jamais pour un public anonyme, aussi massif soit-il, mais pour chacun en particulier. Chacun le sait et le sent, c'est ce qui fait ce magnétisme singulier qu'elle impose partout, à l'instar d'Aretha Franklin, fille de «preacher» et chanteuse-pianiste comme elle.

Cette comparaison est inévitable dans « Calvary » et « Stand by Me », les deux principaux chefs d'œuvre d'un album qui n'en manque pas. La voix de Liz n'a ici rien à envier à celle d'Aretha, ainsi que la façon idéale dont son chant s'articule avec son jeu de piano.

Il n'est pas étonnant que Liz McComb soit devenue au fil du temps la chanteuse de gospel chérie des festivals de jazz : le swing phénoménal de « Children Go Where I Send Thee » suffirait à l'expliquer…

Il s'agit d'un spiritual du temps de l'esclavage, comme pour la plupart des thèmes de cet album. Liz est sans aucun doute la chanteuse actuelle qui connaît et maîtrise le mieux ce fabuleux répertoire ancestral : des chants du XIXe ou même du XVIIIe siècle qu'elle interprète instinctivement comme s'ils étaient de notre époque !

Quelques-uns nous sont familiers, comme « Go Down Moses » ou « By the Rivers of Babylone », mais la plupart sont oubliés, et Liz est l'une des dernières à aller puiser dans ce patrimoine en péril des merveilles comme les funky « You Can't Make Me Doubt Him » et « Wade in the Water » ou le bouleversant « I've Been Buked ».

Time Is Now
(1996)

Au fil de ses albums, Liz McComb affirme la fécondité et la singularité de son talent de compositrice.

Enregistré en studio à Los Angeles, « Time Is Now » — qui valut à Liz le Prix Mahalia Jackson — est en majeure partie constitué de chansons personnelles. (neuf sur douze). Si « Give Him Up » se distingue par ses accents reggae, la plupart ont un caractère intemporel et une richesse harmonique qui les hissent au niveau des plus grands classiques du spiritual et du gospel song. C'est notamment le cas de « Chant de Liberté » (dédié à Nelson Mandela) et de « What Happened to the Love » (objet d'un beau clip) où Liz s'engage dans une dénonciation vigoureuse de la violence guerrière qui s'empare du monde. Adoptant la formule du quartet, elle entame ici une longue collaboration avec un remarquable organiste de L.A., Harold T. Johnson. Face à face, leurs claviers dialoguent dans une merveilleuse complicité. Sur « Prayin' », Liz cède le piano à son jeune neveu Frank McComb, qui deviendra par la suite l'un des grands acteurs du renouveau de la soul.

Liz a une connaissance exceptionnelle du patrimoine ancestral des « spirituals », ceux du temps de l'esclavage, qui étaient souvent à double sens. Ici elle reprend « Jesus Is My Rock » et surtout le formidable et oublié « Sinner, Please », qui était un message codé d'une grande subtilité, incitant les esclaves à profiter de la moisson pour fuir les plantations.

Olympia, Live
(1998)

Ce disque anthologique témoigne d'un événement exceptionnel. A l'occasion du Nouvel An, Liz McComb décida de donner deux récitals « portes ouvertes », l'entrée gratuite étant offerte aux SDF et autres « oubliés de la croissance ».

Le temple parisien de la chanson se retrouva bondé pour l'occasion, et l'on devine que l'audience était bien différente du public habituel de l'Olympia. L'ambiance était très électrique et Liz d'autant plus survoltée.

En solo puis en quartet, elle fait la part belle à de rares spirituals dont le thème est la pauvreté, comme le bouleversant « I'm Just a Poor Wayfaring Sranger » qui évoque le rude sort des migrants.

L'éclectisme musical de Liz McComb trouve ici sa meilleure expression. Son interprétation très festive de gospel songs comme « All the Way » et surtout « Let  the Church Roll On » mériterait de figurer dans une anthologie des chanteuses de rock'n'roll, où elle ne déparerait pas au côté d'une Tina Turner ; le très swinguant « The Man Upstairs », dont elle offrait la primeur au public de l'Olympia, nous  rappelle qu'elle est aussi une remarquable « jazzwoman ».

Quant à « Fire », autre grande nouveauté, c'est une sorte de funk en tempo lent dont le climat obsessionnel et torride s'imposera désormais dans tous ses concerts.

The Spirit of New Orleans
(2001)

Osons parler d'une miraculeuse prémonition !

Quatre ans avant Katrina, Liz décide de séjourner à La Nouvelle Orléans pour y enregistrer cet album avec des musiciens de la place.

Le titre le dit bien, son but est ambitieux, rien moins que de capter « l'esprit », l'âme et la mémoire de cette cité-musicienne unique dans l'histoire : berceau du jazz certes, mais aussi vivier du r'n'b, de la soul, du funk et encore plus du gospel —  ville natale de trois des plus grands interprètes de spirituals, Louis Armstrong, Bessie Griffin et Mahalia Jackson, de vrais «modèles» pour Liz McComb…

Irrésistiblement inspirée par ce lieu, elle l'exprime en ouvrant l'album par « Over My Head » (« au dessus de ma tête, j'entends de la musique dans l'air »). Sans jamais sombrer dans les clichés pittoresques et touristiques elle se contente de colorer en touches délicates sa musique avec le son inimitable des cuivres néo-orléanais, ou de l'accordéon cajun dans « You've Got to Move ». Le tambourin (qu'elle utilise souvent en concert) est lui aussi typique du gospel louisianais.

Le bon vieux « Ole Man River » est ici impressionnant de gravité et de lenteur syncopée. C'est l'un des chefs d'œuvre de Liz, ainsi qu'« Ain't No Grave », antique spiritual dérivé d'un chant épique malien.

Parmi les quatre chansons inédites de ce cd, la plus étonnante est « 30 Pieces of Silver » qui conclut l'album en évoquant avec une modernité très « r'n'b » la trahison de Judas.

Prémonition encore ? Quatre ans plus tard, une autre « trahison » allait abandonner à leur sort les pauvres habitants de la Cité du Croissant, au risque d'effacer à jamais ce « Spirit of New Orleans » dont Liz nous laisse ce qui sera peut-être, hélas, l'un des derniers témoignages à la fois authentique et créatif.

Soul, Peace & Love
(2006)

Sortir le Gospel du « Ghetto » est l'œuvre accomplie aujourd'hui par Liz McComb.  Elle a su conquérir une audience aussi vaste que diverse, bien au-delà de l'auditoire traditionnel de cette musique.

Ce cd est un florilège de chansons originales de Liz McComb, avec des gospels oubliés et inédits.

Enregistré à l'occasion  de merveilleuses rencontres musicales à travers les USA et les Caraïbes, c'est aussi un manifeste pacifiste et une déclaration d'amour universel : Quand Liz McComb feule son admirable « Come Back, Lover ! », on pourrait croire. qu'il s'agit d'une chanson érotique. Ce serait oublier que depuis toujours les mystiques s'adressent à Dieu comme à l'« amant idéal ».

Le familier, et encore étonnant « Oh When The Saints », mixé avec le rap de Tony Dorsey et des rifs de cuivres, enregistré tout juste avant  l'ouragan Katrina est un autre tribut de Liz à la musique de la Nouvelle Orléans.

Le brillant « Peacemakers », avec ses paroles simples… Heureux les artisans de la paix… restera son puissant message inspiré de sa participation au Noël du Millenium à Bethlehem, où elle fût la seule artiste américaine invitée

« Silver & Gold », avec la présence de la talentueuse violoncelliste Melissa Hasin, permet à Liz de développer un beau style jazz, alors que dans « The Rich Man », avec son ami d'enfance Rufus Maze à la steel guitar, elle revient au style pentecôtiste de son église familiale.

« For your Love is Better than Wine » est un grand moment de musique, avec les Blind Boys of Alabama, tout comme le célébrissime « By the Rivers of Babylon », avec la touche créole du Dyapason Quartet.

The Sacred Concert
(2009)

Voici que les racines africaines hautement revendiquées par Liz McComb rencontrent la tradition occidentale du concert spirituel ou sacré, qui chante la louange et l'édification, en dehors des sacrements de l'office religieux.

Ainsi, Liz fait appel à un quatuor à cordes et à une harpe pour compléter son quartet historique et ses choristes.

« The Sacred concert » est un cd d'une délicate musicalité, où la douceur, la ballade et la nostalgie se font une place royale, contrastant avec le feu incantatoire survolté, qui signe souvent les arrangements et les compositions de Liz McComb : « Let's Go Back », « Jesus Lay your Head in The Window », « Sweet Little Jesus Boy »…

On retrouve dans cet enregistrement des gospels traditionnels, des compositions de Liz, une inattendue version jazzy de l'« Hymne à l'Amour » d'Édith Piaf, et des compositions de Duke Ellington, dont le célèbre « Psaume 23 ».

Ce disque fournit aussi le programme du « Sacred Concert » filmé en H.D., que Liz donna en juin 2009 en l'Église Saint-Sulpice de Paris quarante ans — quasiment jour pour jour — après celui donné dans le même lieu par Duke Ellington, avec Alice Babs et « Swingle Singers ».

I Believe
(2010)

Liz est la mémoire vivante d'un immense répertoire. Elle sait le restituer d'une manière personnelle et originale, sensible aux goûts du temps, comme l'a toujours été la musique religieuse.

Comme l'écrit la revue américaine « Living Blues », elle est aujourd'hui la chanteuse de gospel la plus imaginative. Mais elle est intransigeante quant au message d'amour et de paix : Dieu est amour, la musique est amour…et ne se lasse pas de le répéter.

Pourtant, elle ne chante jamais deux fois le même gospel à l'identique, ni ne donne ainsi  jamais deux fois le même concert.

Ce CD, « I Believe », complété d'un double DVD, concentre les meilleurs moments de son extraordinaire tournée de l'été 2010 : ce 9e opus est un chef d'œuvre musical de 38 titres !

Parmi toutes les scènes festivalières d'été auxquelles Liz a tout donné de sa passion, celle du 30e Jazz Festival de Vienne, dont elle était la seule affiche, ce soir là, fût un sommet. Le film intégral est gravé sur le double DVD, qui conserve des moments mémorables, comme l'intense ferveur de « Jesus Lay your Head in the Windows », un duo entre Liz McComb et la violoniste Regina Carter.

« Trimed and Burning », duo vocal, nez à nez avec Harold Johnson est un numéro sublime.

Le délicieux « Jéricho », ou la si douloureuse  et magnifique ballade « Deep River », avec Regina Carter et la violoncelliste Akua Dixon, sont définitivement deux versions d'anthologie.