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Édition du 25 janvier 2010

par Jean-Claude Pennec

 

Liz McComb entre en scène, se glisse derrière (pourquoi derrière ?) le piano et en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, s’approprie le Théâtre antique, enfin à peu près complet. Au fond, rien de surprenant dans ce concert qui démarre si ce n’est la beauté de cette voix, patinée au gospel, à la soul comme au blues. Pour le reste, on le sait, Liz McComb ne fait pas que chanter : elle promène depuis des années sur scène ou dans ses albums un quasi-apostolat tranquille mais profond auquel le public résiste rarement, même quand il tient à afficher, on ne sait jamais, un sourire en coin. Pour le coup, rien de tel : on plonge dans le répertoire de la chanteuse avec délice. On pourrait presque parler de retrouvailles. Si ce n’est qu’à côté de sa formation habituelle, notamment marquée par la présence d’un vénérable orgue Hammond B3 + Leslie manié de main de maître par Harold Johnson, la chanteuse a ajouté le temps du concert un violoncelle, une guitare et surtout un étonnant rappeur, Tony Dorsey.

Liz McComb rend hommage à
La Nouvelle-Orléan


© P. Audoux/Vues sur Scènes

 

Chez Liz McComb, il y a sans conteste un côté mère-poule. Non seulement envers son orchestre mais aussi à l’égard de ce public sur lequel elle ne cesse d’appeler la bénédiction du Seigneur. C’est peu dire que ça marche : l’authenticité immédiatement palpable a raison de toutes les hésitations. Comme elle n’est pas manchote, qu’elle sait mettre le feu aux poudres et que près d’elle s’activent trois choristes efficaces, le concert se présente bien. De fait, notre chanteuse va égrener un beau répertoire, dont une partie du Soul Peace & Love qu’elle vient de publier. La prestation va bon train et aurait pu s’arrêter là si Liz n’avait décidé d’entamer une sorte de troisième concert alors que l’orage tonnait. Avec Craig Adams, sa rythmique et les Voices of New Orleans, la rencontre devient un hymne magnifique en l’honneur de la Nouvelle-Orléans meurtrie et presque passée à la trappe. Un moment rare comme Vienne ou les autres festivals parviennent de moins en moins à en créer. Tous sur scène se partageant les micros pour redire leur foi et l’indéfectible optimisme qui les anime. Mais aussi pour reparler de la Nouvelle-Orléans : c’était à l’évidence le but de McComb, faire parler Craig Adams de la si difficile reconstruction de cette ville, berceau du jazz et de toutes les musiques qui en sont issues. Alors que le concert était fini, que la pluie crépitait de plus belle, le sublime gospelman raconta alors la reconstruction en cours, le retour de ceux qui ont fui. C’est loin d’être fini mais le public ne s’y est pas trompé.

En somme, ce concert conservera longtemps de multiples saveurs : le violoncelle de Sedef Ecertin, sorti d’on ne sait où et dialoguant avec la pianiste, Ces choristes omniprésentes, d’une justesse impeccable, mais aussi et surtout Tony Dorsey, venu créer avec Liz McComb dans un duo de bonne facture.





 

 

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