Liz Mc Comb - Symphonic Spiritual Suite
PROLOGUE 
 
 
LIZ McCOMB, SYMPHONIC SPIRITUAL SUITE 
Le génie d’une musique chrétienne créée par les afro-descendants victimes de la traite négrière. 
 
« Le but de la musique devrait n’être que la gloire de Dieu et le délassement des âmes. » 
Jean-Sébastien Bach 
 
Personne n’incarne mieux que Liz McComb cette fameuse devise du Cantor de Leipzig : avec sa foi chevillée à sa voix, un swing irrésistible, et cette joie extatique, teintée de blues doux-amer, qui épice et illumine son chant pour en faire un délicieux enchantement… 
Oui, grande prêtresse de la « soul », citoyenne d’un ciel noir, nocturne et méditatif, qui se situe bien au-delà de la vénalité d’un certain gospel contemporain, banalisé sinon frelaté, Elizabeth McComb « délasse les âmes », elle distille inlassablement le bonheur, l’espérance et la sérénité.  
 
Sa musique est digne, émotive, humaine, pieuse, aussi pure et sincère que celle de Bach, mais aussi très «aguichante» pour ne pas dire érotique ou sensuelle… 
(qui croit à part les Puritains que Bach ne l’était pas aussi, lui qui conçut vingt enfants avec ses deux épouses officielles ?) 
Liz McComb émerveille tout autant « celui qui croit au ciel » que « celui qui n’y croit pas » pour reprendre la formule du marxiste mystique Louis Aragon… 
Elle distribue un plaisir pur à chacune de ses notes, même quand son chant devient une plainte, ou qu’elle parle de ses blessures…plutôt celles de son peuple africain-américain, et de l’humanité tout entière…car sa vie personnelle, dans ses chansons, Liz n’y fait guère allusion, sinon pudiquement, en paraboles – dans le style de Jésus !  
 

 
Une simple biographie, une « bio » comme disent les gens du showbiz, n’aurait guère de sens pour décrire le destin de Liz McComb. Toute sa musique est « bio », elle exprime « la vie », pas que la sienne, pas une vie qui se découpe en dates, en périodes, plutôt celle d’une plante magnifique, qui a poussé doucement, quelquefois durement, au fil des saisons d’une existence humaine, avant d’exploser en notes semblables à des fleurs de toutes les couleurs… 
 
Citer Bach à propos de Liz McComb n’était pas innocent :  
on l’oublie souvent, la musique dont elle est l’héritière (les « negro spirituals ») s’est épanouie au même moment, sinon « en même temps » que la musique « classique » européenne, au début du XVIII° siècle (celui des « Lumières ») dans ce « Nouveau Monde» parallèle mais pas si étranger, quoique plus violent, fondé sur le rêve de la liberté pour les uns et la réalité de l’esclavage pour les autres. 
 
Ces mots « esclavage » et « liberté » n’ont rien d’abstrait pour un être comme Liz McComb…  
Mettez-vous un instant à sa place. Imaginez que vos ancêtres, au lieu d’être des petits-bourgeois européens, eussent été capturés comme des proies en Afrique, qu’ils aient survécu enchaînés et entassés à l’horreur d’une traversée transatlantique à fond de cale. Imaginez aussi que les générations suivantes de votre famille aient dû fuir le Sud ségrégationniste vers un Nord qui l’était un peu moins, lutter sans cesse pour devenir simplement des citoyens de leur pays natal (celui si prétentieux de la Liberty avec un grand « L »), pour affronter les regards qui vous résument à la seule couleur de votre peau… 
Ce n’est pas un hasard si Liz, à l’instar de Bob Marley, a composé un « Chant de Liberté »… 
 
 
 

 
Entre JS Bach et Liz McComb, il y a aussi toute l’histoire tumultueuse du protestantisme, de ce christianisme « réformé » qui va de Martin Luther à Martin Luther King : une même religion à l’histoire contrastée… les « Blancs » en ont fait un outil de domination, les Africains-Américains l’ont adoptée en espérant soulager les souffrances de l’esclavage, puis l’ont adaptée en guise de viatique vers leur libération, et en fin de parcours en une arme spirituelle contre la ségrégation. 
Ainsi le protestantisme de Luther et de Bach s’est de plus en plus radicalement « africanisé », assimilant les gammes pentatoniques, le chant responsorial et les rythmes frénétiques du « continent noir ». 
Cette évolution culmine avec l’ascension du « pentecôtisme », une nouvelle branche du christianisme protestant née vers 1900, à laquelle appartient la famille très mystique de Liz McComb. La foi s’y exprime d’une façon exacerbée, exubérante, jusqu’à des manifestations de transe très proches de celles que l’on observe souvent dans les religions africaines ou dans l’Islam soufi… 
 
Pour autant, la musique de Liz McComb n’est pas du tout étrangère à celle de JS Bach, à la musique classique en général : elle en est même un écho amplifié et magnifié par la violence effroyable infligée à sa communauté, et aussi enrichi par le lointain mais prégnant souvenir des merveilleuses musiques de ses ancêtres africains. 
Les chefs d’œuvres de la musique vocale de Bach (cantates, oratorios, et surtout les Passions) chantent la souffrance du Christ pour faire pleurer et prier les humains. Les « negro spirituals » que chante Liz font de la souffrance, mais aussi de la joie de l’humanité, la matière première de la musique. 
 
Au delà de son phénoménal talent musical et vocal, Liz est habitée, et comme possédée par l’héritage de ses ancêtres. 
 

 
Elle incarne naturellement, presque inconsciemment, aussi génialement qu’ingénument, la prodigieuse contribution des Africains-Américains à la Musique Universelle 
 
SYMPHONIC SPIRITUAL SUITE 
 
Il y a dix ans, la Diva du Gospel faisait sensation à l’Auditorium Ravel de Lyon, avec une synthèse inouïe entre negro spiritual et musique symphonique, sous la baguette complice de Kristjan, le dernier né des Järvi. 
La revoici en version symphonique avec un répertoire élargi et renouvelé. 
 
1619-2019 : le monde s’apprête à commémorer le débarquement en Amérique, en Virginie, il y a 400 ans, des premiers déportés Africains : début d’un esclavage institutionnel, inventé par des prédateurs et trafiquants sans foi ni loi, avec la bénédiction des Eglises et la complicité des aristocrates européens.  
La Révolution française abolit l’esclavage en 1794, Napoléon le rétablit en 1802, il sera légal jusqu’en 1848 aux Antilles, jusqu’en 1863 aux USA… voire 1888 au Brésil… et toléré jusqu’à nos jours dans quelques pays comme la Mauritanie… 
Dès la fin du XVII° siècle, les esclaves sont systématiquement baptisés, évangélisés, et les témoignages se multiplient sur la beauté et l’originalité de leurs chants religieux… 
 
 
1619 : A la même époque nait, dans l’Ancien Monde, la musique symphonique : la « sinfonia », appelée aussi « ouverture à l’italienne » préfigurant ce qui deviendra, au cours des XVIII° et XIX° siècles, le mode majeur de la musique classique et romantique européenne… 
 
 
 

 
Ainsi ces deux arts magnifiques, nés dans ce même « Grand Siècle » s’épanouiront parallèlement, dans des univers aussi divers et étrangers que possible : la musique symphonique dans les palais de l’aristocratie puis les auditoriums des riches cités de la bourgeoisie triomphante ; le chant afro-américain dans l’obscurité des premières chapelles en planches, puis à partir de 1800 dans les immenses « camp meetings » en plein air du Sud profond, enfin dans les lumineuses églises des ghettos du Nord industriel. 
 
Ces deux planètes musicales se sont totalement ignorées jusqu’à la fin du XIX° siècle. A ce moment, la traversée transatlantique en paquebot se banalise, l’élite noire affranchie commence à bénéficier d’une solide éducation musicale à l’européenne, et la beauté des chants afro-américains fait dresser l’oreille blasée des mélomanes de l’Ancien monde.  
En 1871, les Fisk Jubilee Singers, chorale a cappella et ONG à l’ancienne, récoltant des fonds pour la première Université noire du Tennessee, font une tournée triomphale en Europe, y révélant Salle Gaveau et au Buckingham Palace devant une Reine Victoria enthousiaste, la splendeur des negro spirituals authentiques, un peu édulcorée par une harmonisation à l’européenne.  
 
Cependant rien ne semble a priori plus antinomique que la musique symphonique et le chant afro-américain tel que le pratique Liz McComb : sous sa forme la plus authentique, extatique, généreuse, mystique et passionnelle…  
 
C’est comme l’eau et le feu : d’ailleurs depuis Baudelaire qui fut aussi un génial critique musical, définissant sa propre poésie comme « un faux accord dans la divine symphonie », on a toujours comparé la symphonie à un fleuve, tour à tour paisible et torrentiel.  
 

 
Quant à la musique de Liz McComb, toutes les métaphores du feu viennent aussitôt à l’esprit : foi ardente, voix de braise, chant incandescent…sans parler de son style pianistique torride et fulgurant ! 
 
Oui mais voici le miracle de cette grande prêtresse : 
le fleuve de la symphonie n’éteint pas sa flamme, au contraire il l’entretient, la magnifie, la transforme à son tour en un fleuve de feu. 
 
Il y a de la magie, blanche et noire, dans ce choc créateur entre deux univers que tout semblait opposer, entre une tradition musicale héritée des ancêtres esclaves Africains- Américains, et celle des élites européennes, dont le coût économique exorbitant (à part l’opéra, aucune musique ne coûte plus cher que l’exécution d’une symphonie) fut en partie financé, à l’origine, par la traite négrière. 
 
C’est ainsi : les ancêtres de Liz McComb ont contribué par leur sang, leur sueur et leurs larmes à ce luxe inouï qu’était (et que reste) l’entretien à grand frais, à l’année, par des mécènes ou par les contribuables, de cette merveilleuse machine humaine qu’est un orchestre symphonique… 
 
On pourrait donc aller jusqu’à dire, sans trop plaisanter, que si Liz McComb a envie de chanter avec un orchestre symphonique, ce ne serait qu’un à-valoir sur les réparations à réclamer à la France, l’une des principales nations impliquées dans la « traite transatlantique »… 
Mais il est vrai aussi que l’amour de la musique, de sa diversité dans son universalité, n’a nul besoin de prétexte historique ou de repentance à bon compte. 
 
 
 

 
 
Et puis, on allait l’oublier, la rencontre entre le negro spiritual et la symphonie, ça ne date pas d’hier ! 
Au XIX ème siècle, se produisait déjà un autre miracle … 
 
UNE NOUVELLE « SYMPHONIE DU NOUVEAU MONDE » ? 
 
En 1892, Anton Dvorak, le plus célèbre compositeur Tchèque, est nommé Directeur du Conservatoire de musique de New York. Passionné par les musiques populaires de son pays et de toute l’Europe centrale, assez intelligent pour surmonter les stupides préjugés ethniques de son temps, il ne tarde pas à s’intéresser en priorité aux musiques des Amérindiens et des Africains-Américains.  
 
C’est ainsi qu’il rencontre puis se lie d’amitié avec un type un peu bizarre, métis de Noir et d’Amérindien.  
Harry (Henry Thacker Burleigh) a 26 ans, fils d’un vétéran (nordiste) de la Guerre de Sécession, ses dons musicaux sont évidents, et il obtient une bourse grâce à l’épouse du précédent directeur, sans doute son amante… 
Pour payer sa scolarité, Harry doit aussi se charger du nettoyage du Hall du Conservatoire, il le fait avec une énergie impressionnante… 
C’est ainsi que Dvorak, depuis son bureau, découvre l’extraordinaire puissance des negro spirituals, que Burleigh chante à tue-tête, tout en nettoyant, de sa voix formidable de baryton : il sera par la suite l’une des premières stars du spiritual, reconnu et enregistré des deux côtés de l’Atlantique… 
Pour Dvorak, c’est une grandiose révélation, et elle sera l’une des principales sources d’inspiration pour la plus célèbre de ses Symphonies, la IX°, titrée « Symphonie du Nouveau Monde ».  
 
 
 

 
Avec la IX° et la V° de Beethoven, c’est sans doute la plus célèbre de toutes les symphonies, et ceux qui l’écoutent ne savent pas toujours y entendre la citation si évidente de negro spirituals comme « Swing low, Sweet chariot »… 
Dvorak a envisagé un temps d’y ajouter des voix et même un grand chœur comme dans la IX° de Beethoven, mais il leur a finalement substitué des instruments comme le cor anglais… 
 
En tout cas il a fallu que ce soit un génial musicien Européen, un Tchèque, qui comprenne le premier la splendeur du chant afro-américain, pour la traduire dans la musique symphonique, avec un succès phénoménal : créée en 1893, la Symphonie du Nouveau Monde reste en 2018 la plus cliquée sur YouTube.  
 
Quarante ans plus tard, un autre grand compositeur venu de l’Est succombe à la fascination des spirituals et en fera la matière de son chef d’œuvre. 
 
Sa rencontre avec le chant afro-américain est aussi insolite (et méconnue) que celle de Dvorak. 
Génie météorique, Jacob Gershowitz, alias George Gershwin (1898-1936) est issu d’une famille juive de Saint-Petersbourg qui a fui les pogroms pour s’installer à Brooklyn.  
Pianiste autodidacte, improvisateur virtuose, il devient (avec son frère Ira comme parolier attitré) l’un des plus prolifiques auteurs de chansons de Tin Pan Alley et de Broadway, puis de Hollywood. Mais d’abord, il passe ses nuits dans les clubs du jazz naissant de Harlem, et se met à composer les premiers chef-d’œuvre concertants et symphoniques inspirés par cette nouvelle musique métisse : « Rhapsody in Blue », « Concerto en fa », « Un Américain à Paris »… 
 
 
 
 

 
C’est en 1933 qu’il s’attaque à son œuvre–phare, l’opéra « Porgy & Bess », d’après un roman et une pièce de DuBose Heyward.  
 
Ce dernier, quoique blanc, a grandi au contact de la population noire (majoritaire) de Charleston, en Caroline du Sud. Il est fasciné par les Gullah, communauté originaire d’Angola, qui a su conserver malgré le laminoir de l’esclavage une bonne part de son héritage culturel africain. C’est à cette minorité singulière qu’appartiennent les principaux personnages de « Porgy & Bess ». 
Surtout, les Gullah sont les derniers détenteurs, jusqu’à nos jours, de la forme la plus archaïque du chant religieux afro-américain : le « ring shout », une ronde chantée et dansée, rythmée par les battements de mains et de pieds. DuBose Heyward raconte dans ses Mémoires qu’il a invité sur place Gershwin, épaté de le voir entrer dans la danse et s’intégrer parfaitement à sa polyrythmie complexe : «Il était sûrement le seul homme blanc d’Amérique à pouvoir faire ça ! » 
DuBose ajoute que Gershwin, durant son séjour, allait se mêler aux « holy rollers » (danseurs en transe) d’une petite église pentecôtiste voisine, qui lui rappelaient évidemment ceux des synagogues hassidiques de sa jeunesse… 
Tel est le spiritual background très ignoré de cet opéra magnifiquement original qu’est « Porgy & Bess » : Gershwin insistait sur le fait qu’il ne l’avait pas du tout conçu comme une comédie musicale, mais comme un « folk opera », fondé sur l’expérience vécue de la musique populaire afro-américaine. 
D’ailleurs une disposition aujourd’hui controversée du testament de Gershwin stipule que l’opéra devra toujours être exclusivement interprété par des Noirs. 
 
 
 
 

 
Musicalement, il s’agit pourtant d’une œuvre très « européenne », même si, à l’orchestre symphonique classique au complet, s’ajoutent des saxophones et surtout un banjo – le seul instrument américain d’origine africaine. 
Après l’immense et immédiat succès de « Porgy & Bess », peu avant sa mort prématurée, Gershwin en tirera une très belle suite symphonique méconnue, « Catfish Row », du nom fictif du quartier de Charleston (port négrier) où se déroule l’action. 
Les réactions de la communauté noire furent très contrastées : le plus grand poète afro-américain, le chantre du blues Langston Hughes, avait applaudi le roman de Heyward : « avec ses yeux blancs, il a su déceler les qualités admirables de poésie des habitants de Catfish Row. » 
Cependant l’opéra, comme le roman, n’a jamais fait l’unanimité dans la communauté afro-américaine. Avec son ironie mordante de grand-bourgeois New-Yorkais, Duke Ellington disait carrément : « aucun de nous, Afro-Américains, ne peut se reconnaître dans les personnages de « Porgy & Bess »… 
Il trouvait que «c’est de la grande musique, avec un livret subtil, mais les deux ne marchent pas ensemble ». Puis il ne cachait pas la profonde raison de son hostilité : « il est dommage que Gershwin ait choisi d’utiliser comme source d’inspiration des éléments d’une musique noire très primitive, plutôt que la musique noire beaucoup plus raffinée qui existait déjà à cette époque. » 
Curieuse critique, de la part de celui qui à la même époque, imposait son génie au Cotton Club grâce à sa « jungle music »… tellement plus « primitive » que celle de Gershwin ! 
 
L’interprétation que Liz McComb nous offre des plus belles chansons de « Porgy & Bess » - comme avant elle Louis Armstrong & Ella Fitzgerald, Ray Charles & Cleo Laine – a vite fait de balayer ces controverses d’un autre temps. 
 
10 
 
Liz McComb n’a jamais chanté que ce qu’elle aime, que ce qu’elle veut, et tant mieux si elle se sent bien dans la peau de Bess, solidaire de cette femme de cœur, femme souffrante, femme rebelle écartelée entre un amant violent, un cul-de-jatte amoureux et un dealer de drogue harceleur, l’ignoble « Sportin’Life », qui est le vrai personnage central de cet opéra stupéfiant de modernité près d’un siècle après sa création. 
 
Liz McComb est une riche héritière : elle a hérité de ses ancêtres esclaves dans le Mississippi la précieuse tradition orale africaine, qui ne peut jamais se transmettre mieux que de mère en fille… 
 
Nul ne peut ressentir mieux que Liz, au fond de son âme les émotions des personnages de « Porgy & Bess », tels que Gershwin les a imaginés : le plus authentique possible… 
C’est pourquoi elle a choisi d’ouvrir sa « Symphonic Spiritual Suite » autour des plus beaux airs de « Porgy & Bess »… 
 
A commencer par la célébrissime (et ravissante) berceuse « Summertime », qui fit la fortune et la gloire posthume du « songwriter » Gershwin…alors que même un sourd y reconnait sans hésiter les accords du plus célèbre des negro spirituals : « Sometimes I Feel Like a Motherless Child ». 
Il est vrai que Gershwin n’a pas inventé le pillage (le copywriting) du patrimoine musical traditionnel des Africains-Américains, certains d’entre eux comme WC Handy s’en étaient déjà occupés bien avant lui. 
Avec « I Loves You Porgy », Liz s’attaque à rude concurrence - on pense aux géniales versions enregistrées par Ella Fitzgerald ou Nina Simone - mais avec une grave douceur elle en fait en même temps un chant d’amour amer pour un seul homme et d’amour fraternel pour toute l’humanité. 
 
 
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Son ample tessiture naturelle lui permet de reprendre le titre composé pour Jake, le pêcheur Baryton « A Woman is a Sometime Thing » non sans ajouter ingénument «qui pourrait, mieux qu’une femme, interpréter une telle chanson ?» 
 
Dès sa gestation, Liz McComb n’hésita pas à intégrer au répertoire de cette Symphonic Spiritual Suite certaines de ses plus belles compositions personnelles, comme « Silver & Gold ». Elle y reprendra aussi l’admirable « Come Sunday », sans doute le plus beau des « jazz gospel songs », écrit par l’athée Duke Ellington en reconnaissance aux spirituals dont il s’était tant inspiré… 
 
Elle reprendra aussi la version américaine de notre « Ballade des pendus » de Villon, puis de Banville devenue outre-Atlantique le pathétique « Strange Fruit » d’un émigré russe, juif et communiste, en hommage aux pendus du Ku Klux Klan et que Billie Holiday, puis Nina Simone rendront célèbre. 
 
Ainsi, 400 ans après le premier arrivage d’esclaves noirs en Amérique du Nord, la Symphonic Spiritual Suite de Liz McComb sera la plus belle commémoration musicale de tout l’héritage « africain-américain » dans ce qu’il a de plus positif, de plus enrichissant pour toute l’humanité.  
Gérald Arnaud  

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En clôture de la tournée Opéra en Plein Air : 
Château d’Haroué/Lorraine : Dimanche 2 Septembre 18h (29-39-49-60€) 
Hôtel National des Invalides : Dimanche 9 Septembre 18h (39-49-59-75€) 
 
Liz McComb Symphonic on Google : Teaser : https://youtu.be/VP8Li9CpHjk 
Medley : https://www.youtube.com/watch?v=pQMxJuiZbuw 
Medleys & more http://www.lizmccomb.com/symphonic.htm